VARIATIONS ET MODÈLES


Diversité des prononciations francaises

Le premier linguiste francais à avoir démontré la variété des prononciations est André Martinet (1945), dans sa grande enquête à l'aide d'un questionnaire phonologique portant sur toutes les régions de la France. Il s'agit là d'un document précieux sur une classe sociale et une classe d'âge nettement définies.

Depuis cette étude de Martinet, de nombreuses autres enquêtes ont eu lieu, mettant en évidence les variantes dialectales, sociales et stylistiques (voir bibliographie).

Ayant ainsi montré tout ce qui différencie les prononciations des diverses régions de France, sans doute était-il bon également d'indiquer leurs points communs. Car s'il faut apprendre à reconnaître et à identifier telle ou telle prononciation régionale, il faut aussi trouver un modèle utilisable pour la production.

 

Un modèle: le francais parisien ?

Le français auquel se réfèrent les manuels de prononciation est souvent défini comme le français des parisiens de milieux " bourgeois " ou intellectuels.

On peut se poser les questions suivantes :

1 - pourquoi le français de Paris a-t-il été longtemps choisi comme modèle parmi tous les francais régionaux?
2 - pourquoi la " bonne " société? Quelles sont les " autres " sociétés de Paris exclues du modèle et pourquoi ?

La réponse à ces questions est d'ordre historique, sociologique et culturel.

Avant d'être la capitale de la France, Paris a d'abord été la capitale de la province de 1'lle de France. Son " dialecte " (variété régionale de langue écrite) est devenu prestigieux avec la prise du pouvoir politique des rois de France. Le francais a été institué langue nationale, par Francois Ier, avec le décret de Villers-Cotterets (1539).
Mais l'hégémonie du francais parisien ne date guère que de Louis XIV, époque à laquelle la centralisation administrative commence à s'instaurer. Cette centralisation deviendra tyrannique à partir de la Révolution de 1789. Ne pas parler français, c'était être l'ennemi du peuple. Avec la croissance de Paris - où vont converger toutes les voies de communication, routières et ferroviaires, où seront situées toutes les grandes administrations, où sera concentrée toute vie politique, économique, artistique - va s'installer l'idée de la suprématie culturelle et linguistique de la capitale.
Le dicton ancien " il n'est bon bec que de Paris " se renforce. Chacun sait alors que l'accent parisien est le seul dont on n'ose pas se moquer, le seul que la province envie ! Le seul qui n'est pas en fait considéré comme un accent, parce qu'il a le pouvoir. Mais Paris, par son attraction puissante, devient de plus en plus un creuset où se rencontrent et se mélangent tous les accents. Et l'on peut dire que la capitale de la France est une grande ville de province. D'où l'hétérogénéité de sa prononciation.

Il y a, grosso modo, trois couches sociales à Paris qui sont réparties de la facon suivante :


Étiquettes sociales Aire géographique Connotation externe de l'accent parisien
populaire (ouvriers et petits commerçants) quartiers anciennement pauvres, banlieues ouvrières "vulgaire"
aristocratiqueethaute bourgeoisie (anciens riches et nobles...) rive gauche
quartiers chics de l'ouest
"snob"
moyenne(fonctionnaires, cadres) mal définie "neutre"



Ces trois couches sociales ont du point de vue de l'accent beaucoup de points communs. Et, comme il y a un accent marseillais, il y a un accent parisien général. Mais cet accent s'est particulièrement bien conservé dans les groupes 1 et 2, les plus fermés, ou tout au moins les plus cohérents, aux deux extrémités de l'échelle sociale.

Les aires géographiques des sociolectes 1 et 3 sont devenues très difficiles à cerner avec l'éclatement de Paris et l'accroissement de la mobilité sociale.



Français parisien, français standard, français standardisé

La variété de prononciation généralement donnée comme modèle standard, était très proche du français parisien neutre. Mais trop souvent les règles enseignées ne tenaient pas compte des nombreuses variantes admises par l'ensemble des Francais. Il semble maintenant qu'il existe, dans toutes les régions de France - et non plus seulement à Paris - une prononciation commune acceptée partout et qu'on pourrait appeler standardisée (F.Sé). On la définira d'abord linguistiquement, par des caractères communs, opposés aux variantes qui excluent leurs auteurs du F.Sé et qui marquent un accent régional.

A la page suivante,vous pourrez entendre trois enregistrements, illustrant le français méridional standardisé, les accents parisien standard et parisien "populaire", et l'accent de l'aristocratie parisienne.
Consultez également la page d'explications phonétiques, caractérisant ces prononciations.

 

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