DESCRIPTION PHONÉTIQUE
DU FRANÇAIS STANDARDISÉ




 

Sur cette page, vous trouverez :

les caractères communs du français standardisé
une analyse de l'enregistrement nº1 (français méridional standardisé)
une analyse de l'enregistrement nº2 (Paris: accent populaire)
une analyse de l'enregistrement nº3 (Paris: accent de la bourgeoisie)



Caractères communs du français standard


VOYELLES


En francais standardisé (F.Sé), le système vocalique est relativement simple:

[i], [y], [u] sont des voyelles fermées à timbre unique (alors qu'on trouvera des timbres ouverts dans certains français régionaux (F.R.);

suit les lois habituelles. Il tombe s'il n'estprécédé que d'une seule consonne prononcée : la semaine mais: un' semaine... (le midi tend à prononcer en toute position);

L'oppostion tend à disparaître au profit de théâtre ;

L'opposition est pratiquement disparue au profit de un pain

les voyelles à double timbre E, EU, 0 suivent la loi de la distribution complémentaire: voyelle ouverte en syllabe fermée (terminée par consonne prononcée) voyelle fermée en syllabe ouverte (terminée par voyelle). Cette distribution se retrouve dans beaucoup de francais régionaux, y compris ceux du Midi de la France.



Les oppositions en syllabe ouverte tendent à disparaître au profit de /e/ : = mangé ou mangeais.
les oppositions en syllabe fermée sont pratiquement disparues : = jeune ou jeûne;
les oppositions sont les seules à se maintenir nettement en syllabe fermée.


Ce type d'opposition n'existe pas dans les prononcations méridionales. Noter que la séquence [o] + [z] en F.Sé est toujours [o:z] à l'encontre de ce que l'on relève dans beaucoup de F.R. dont celui du Midi.

En position inaccentuée, toutes les voyelles du F.Sé ont tendance à être moyennes.
La seule qui garde souvent un timbre sonore ouvert est le O.

Chez des locuteurs méridionaux dont la prononciation est trs standardisée, on remarque souvent que l'ultime trace d'accent est un o inaccentué fermé du type au lieu de en F.Sé.


CONSONNES


Les semi-consonnes ne se vocalisent pas en [i], [y], [u] comme dans certains F.R. lorsqu'elles ne sont pas précédées de plus d'une consonne : Lyon [Ijõ] et non [Iiõ].

Le système consonantique du F.Sé est remarquablement homogène. Les variantes peu nombreuses et acceptées partout sont les suivantes :

- grandes variations dans la prononciation du R dorsal. Mais le [r] roulé, (sauf s'il est très léger), reste connoté soit avec une prononciation méridionale, soit avec un accent rural.

- tendances à la palatalisation de [t], [d] et [k], [g].

- tendance à décomposer en [n + j].

- tendance à abandonner , phonème importé, dans les terminaisons -ing : .

- variantes sonores de la terminaison -ism, prononcée [ism] ou [izm].

- tendance à simplifier; l'allègement des groupes consonne + R ou consonne + 1 en finale ou devant consonne, fait partie du F.Sé de la conversation familière : théâtre ; une livre de pomme .


PROSODIE


Accentuation. En F.Sé, l'accent apparaît comme atténué par rapport aux F.R. Il est difficile de le repérer, dans presque la moitié des cas, dans des types de discours non marqués stylistiquement.

Sous l'influence de l'accent d'insistance, une sorte d'accentuation de type mélodique tend à affecter le début des mots sémantiquement " pleins ".
Néanmoins, il semble que l'accentuation sur la voyelle finale soit encore la règle (à 80 %) dans la conversation non expressive.

Intonation. L'accentuation expressive peut donner au F.S. un patron mélodique plus accidenté que celui généralement décrit dans les manuels. Néanmoins, la ligne mélodique des syllabes inaccentuées forme un patron plus monotone que celui de la plupart des F.R. Le F.Sé " chante " moins.



Exemple de français méridional standardisé


Pour les exemples donnés ci-dessous, on a noté la prononciation des voyelles en italique. On a également indiqué à côté s'il s'agit d'une prononciation méridionale (M) ou standardisée (S) (certaines voyelles sont les mêmes en S et M. Elles sont notées par =).
endroits [ a ] ( S = M )
cette ( S = M )
côte ( M )
arseille ( S = M )
kilomètres ( S = M )
aspects [ e ] ( S = M )
très [ e ] ( S = M )
tantôt [ an ] ( M )
tantôt [ o ] ( S = M )
falaises ( S = M )
cinquante ( S )
boisées [ e ] ( S = M )
mais [ e ] ( S = M )
sais [ e ] ( S = M )
pas [ a ] ( S = M )
conviendraient [ en ] ( M )
conviendraient [ e ] ( S = M )
rochers [ o ] ( M )
blancs [ an ] ( S )
moments [ o ] ( M )
éclatants [ an ] ( M )
soleil ( S )

Au total, on relève seulement cinq prononciations exclusivement méridionales - pour les voyelles 0 et les nasales :
côte pour en F.S.
rocher pour
moment pour
tantôt pour
conviendrait pour
éclatant pour

Ailleurs, on trouve beaucoup d'exemples où la prononciation méridionale et la prononciation standardisée sont les mêmes. Ainsi dans les finales en syllabes ouvertes: sais, conviendrait, aspects, etc., le francais standardisé admet aussi bien [e] que .

On note que la prononciation de mots comme soleil, absolument, kilomètres, est standardisée; de même la plupart des voyelles nasales.

E CADUCS

Cette (M) côt' (S) ; entre (S) Marseille et Cassis ; un' (S) vingtain' (S) de (S) kilomètr' (S) ; trois cent cinquante (M) mètres (S) de (S) haut; vertical' (S) ; je n' (S) sais pas ; bois'ment (S) ; paysage (M) grec
Sur les 14 possibilités notées ici, on relève seulement 3 réalisations typiquement méridionales.



Exemple de français parisien populaire


Tendances de l'accent parisien populaire (dit aussi faubourien).

Il varie selon les quartiers et les banlieues, mais surtout en fonction des âges. On pourrait résumer ainsi les principales tendances de l'accent populaire parisien de la jeune génération :

Voyelles
- fermeture de [a] en [ae], surtout devant R : Paris [paeRI] , tard [taeR]
- fermeture de [a] en [ae] pour les graphies oi : quoi [kwae]
- recul (postériorisation) de [a] en dans les terminaisons az, atr, adr : gaz , verdâtre
- ouverture de non accentué en [a] : joli ou avancée (antériorisation) de en [oe] : joli
- ouverture de [i] en dans oui prononcé ouais
- la nasale a tendance à reculer, surtout en finale; elle devient et peut aller jusqu'à légèrement labialisé : copain magasins
- la nasale recule aussi et peut aller jusqu'à [õ] argent .

Consonnes
- R devient très postérieur en certaines positions. Dans l'emphase, il peut être pharyngal (racine de la langue contre la paroi du pharynx). Cette prononciation entraîne un recul général de l'articulation. Entre deux voyelles à l'intérieur d'un mot, c'est parfois un son faible noté , presque vocalisé.
- [t, d] et [k, g] devant [i] et [y] ont tendance à avoir une articulation au centre de la voûte du palais. Il en résulte un son comme le y de yeux noté [j] : c'est une palatalisation. On entend parfois aussi:
tiens devient " tyens "
qui devient [kji]
Cette centralisation des articulations fait que [k] a tendance à se rapprocher de [t] : café est parfois prononcé comme " tyafé ". Inversement, [t] peut se rapprocher de [k] : tiens prononcé quiens.
- Toutes les consonnes ont tendance à s'affaiblir. A l'extrême, dans un parler très négligé, on ne percevrait plus que des vocalisations. Le [v] disparaît souvent devant oir : pouvoir [puwaeR], avoir [awaeR].

Accentuation
L'accent paraît se " déplacer " vers le début du Mot; il est souvent sur l'avant-dernière syllabe : les 'copains, au 'café, cet accent, affectif à l'origine (variété d'accent d'insistance), a tendu à se généraliser, et il fait maintenant partie du patron accentuel habituel du parisien populaire. Il se manifeste surtout par un accroissement de durée, à quoi s'ajoute souvent une montée mélodique.

Intonation
L'intonation est affectée par le "déplacement" de l'accent, qui entraîne souvent une montée de la courbe mélodique avant la fin du groupe intonatif.


Articulation du jeune (texte 1)

C'est un jeune de 22 ans qui travaille comme livreur. Il vit à Drancy, au nord-est de Paris. Sa prononciation est celle qu'on entend dans les cités ou H.L.M. de banlieue. Elle est moins appuyée que celle des " loubards " (= mauvais garcons, en argot parisien), mais on y observe les mêmes tendances. Remarquez les expressions familières : " y a pas d'problème " (= c'est certain), " ça r'mue plein d'trucs " (ça change beaucoup de choses), absence du ne de négation, absence d'accord de genre " l'peu qu'elles ont c'est à eux " (= à elles), etc...

Voyelles

ça a évolué [ a ]
un peu oui
pas complètement
pls partager [ ae ]
rend pas compte
maintenant [ &otild; ]
courant [ &otild; ]
elles travaillent [ a ]
argent [ ae ]
ce qu'elles veulent [ a ]
c'est normal [ oe ]
on aimerait bien
surpris [ oe ]
pas quoi faire [ ae ]

Consonnes

rendre vraiment
et cetera
tout de même
un graçon
et puis
études
avoir un boulot
on aimerait
bonnes relations
pas de problème

Remarquez les R articulés souvent très en arrière, les modifications et les chutes de consonnes.

Enchaînements, chutes d'E caducs et de voyelles


Seules les suppressions d'E caducs dans 1 et 3 sont conformes au modèle standardisé.

Allongements et accentuation

Dans ces groupes, les avant-dernières syllabes sont allongées ou accentuées, alors qu'en F.Sé une durée vocalique accrue ne peut affecter que la syllabe finale de groupe.



Exemple de français parisien de la bourgeoisie


Tendances générales du sociolectede la haute bourgeoisie

Le sociolecte de la haute bourgeoisie est caractérisé par une réalisation extrême de l'articulation vocalique et consonantique qui fait qu'on qualifie souvent ce parler d'affecté ou de snob. On entendra parfois des consonnes très fortes et aspirées à l'anglaise : c'est toi , parfois des consonnes très faibles pour madame (avec un d presque effacé). Les caractères desvoyelles sont plus accusés; les E fermés plus fermés,les E ouverts plus ouverts, etc. Beaucoup de [a] sont restés postérieurs. Le R est souvent dévoisé, il ressembleparfois à un son rauque, comme celui de la jota espagnol ou du achlaut allemand de Bach. Le [i] final ressemble parfois au [t] vélaire anglais (son articulation est postériorisée). Les voyelles sont ou exagérément longues ou exagérément brèves; le tempo très rapide ou très lent; des écarts mélodiques très importants tendent à soutenir des accents d'insistance nombreux. Si l'accent d'insistance populaire est surtout caractérisé par un allongement important, l'accent d'insistance de la haute bourgeoisie tend à se manifester en outre souvent par une forte augmentation mélodique.


Particularités phonétiques du texte 3

VOYELLES


Hannibal
cher
champagne
ouvrage
extraordinaire
bête
absolument
Donald

CONSONNES


très longtemps
avec le marteau
sensationnelle
il lit beaucoup
une oeuvre maîtresse
physiologico-sexuel
idiote
morceaux
mec
flirt
merveilleux


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