PRONONCIATIONS DE PICARDIE


Aperçu historique et géographique

Les départements du Nord et du Pas-de-Calais comprennent d'importantes concentrations industrielles; les mines et le textile n'ont plus la même importance qu'au début du siècle, mais les populeuses régions de Lille et de Dunkerque restent très actives.

Le sol des Flandres et de l'Artois est aussi très fertile. En zone urbaine comme en zone rurale, on reste très attaché aux traditions, de même que dans la Somme. L'Aisne et l'Oise sont vertes, tantôt vallonnées, tantôt boisées. Ces terres de labeur, mais aussi de gaieté, sont historiquement terres d'accueil et de passage, marquées par les invasions et les guerres. Ce n'est pas la plaine sans fin qu'on imagine, mais une région riche de contrastes et de nuances.

 

Flamand et Picard

Une partie des Flandres mariverdana françaises, le Westhoek, parle encore le flamand de I'Ouest, un dialecte néerlandais (entre Bergues, Bailleul et Boeschèpe). On constate un regain d'intérêt pour ce dialecte dans une partie de la jeunesse, et plusieurs mouvements relancent vigoureusement la culture flamande traditionnelle. 

La région de Lille, elle, est de dialecte picard. Le domaine linguistique picard, distinct de la Picardie historique qui est centrée sur Amiens, s'étend sur quatre départements, plus une partie de l'Oise et le Hainaut belge. On a parlé de " picard " avant de parler de Picardie : ce terme qualifiait dès le XIIIème siècle tous ceux qui parlaient ce dialecte, auquel ont succédé des patois très divers. Ceux-ci se francisent peu à peu, mais certains sont encore bien vivants. La littérature picarde, très riche (fabliaux, théâtre ... ) se continue jusqu'à nos jours, surtout par des chansons patoises. 

 

Patois et français régional du Nord

Voici un exemple du patois de Roubaix enregistré par F. Carton en 1979 auprès de M. J.B., typographe retraité, et transcrit en orthographe Feller-Carton. Remarquez les palatalisations (tchand), les diphtongaisons causées par la forte énergie consonantique [pât,oi] les nasalisations (rincanter, don.ner), les allongements non finaux. Les oppositions longues/brèves en finale absolue ont disparu au siecle dernier.

 

I nd a gramint qu'i saittent nin dire in.ne séquo qu'che s'rot tout purain vi pâteo.

Il y en a beaucoup qui ne savent pas dire quelque chose qui soit tout pur vieux patois.

Q'chand qu'i veultent rincànter in.ne garlouzète, i pins'tent qu'ch'est du pàteo:

Quand ils veulent raconter une histoire, ils pensent que c'est du patois:

ch'estfoque don, ner des cé dpi à la France!

c'est seulement " donner coups de pied à la France " (écorcher le francais).

 

" L'accent du Nord " est vivace dans la plupart des milieux sociaux, et donne à beaucoup de nordistes un sentiment d'insécurité linguistique.

 

A la page suivante, vous entendrez une interview réalisée à Roubaix pour l'émission télévisée " Les retraités " (série " Vendredi ", FR3, 11 mars 1977). L'activité de ce grand centre industriel, de plus de 8 000 habitants au km', est moins centrée sur la laine qu'au début du siècle. La présence d'une nombreuse main d'oeuvre ouvrière entraîna jadis la construction de " courées " (logements populaires peu salubres), qui disparaissent progressivement.

 

M.L., 66 ans, est retraité du textile, comme sa femme. Sa prononciation est nettement marquée par le phonétisme picard septentrional, bien qu'il ne connaisse que des bribes de patois. " Pas beaucoup " signifie " guère ".

 

  

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