PRONONCIATIONS DE NORMANDIE


Aperçu historique et géographique

Le nom vient de " Northman ". Des Vikings s'y établirent aux IX, et Xème siècle. Cet ancien duché correspond aujourd'hui à cinq départements (Manche, Calvados, Orne, Eure, Seine-Maritime). Le pays du cidre était divisé jadis en Haute-Normandie (surtout au nord de la Seine, la plus industrielle) et Basse Normandie (élevage et culture). La richesse du pays a permis l'éclosion de villes aux splendides monuments.

 

Les parlers normands

Assez divers phonétiquement, ils se répartissent en six zones. On peut tracer sur la carte trois faisceaux de " frontières linguistiques " : par exemple au nord d'une ligne est-ouest, les patoisants disent cat (chat), chent (cent), vêpe (guêpe).

Voici le début de la " Parabole de l'enfant prodigue ", comme la raconte M. Le Petit, de Baupte, au centre du Cotentin (enregistrement de René Lepelley, Université de Caen).

 

Remarquez les diphtongues (biaé, aète), les voyelles fermées (pére).

 

Un homme avait deux garçons, de tchique l'pus jone li dit un biaé jou : " Lpére, dounez-mé la part du byin qui m'arvyint ".

Un homme avait deux garçons dont le plus jeune lui dit un beau jour: " Mon père, donnez-moi la part du bien qui me revient ".

Cha fait que lpére fit ses parts. Tchique temps après, ljone garçon s'en fut au loin, dans une aète contrée et là-bas il y mougit tout sin byin...

Alors le père fit ses parts. Quelque temps après, le jeune garçon partit au loin, dans une autre contrée et là-bas il " mangea " tout son bien...

 

Actuellement ce type de parler est restreint surtout aux communautés paysannes isolées du Cotentin, longtemps région de marais, habitée par des cultivateurs ou des pêcheurs tournés vers la mer plus que vers le centre de la France. Le patois local tend à disparaître à mesure qu'on va vers les villes. Mais il a laissé de nombreuses traces dans le parler régional " moyen ".

 

Le français régional en Normandie

A la page suivante, vous trouverez l'enregistrement de l'interview, faite par Pierre Léon, en 1956, d'une paysanne d'Ecoquenéauville, dans la Manche, près de Sainte-MèreÉglise (durée : 1'30). Elle avait alors 60 ans et son parler est beaucoup plus marqué sur le plan de la prononciation que sur ceux du vocabulaire et de la syntaxe. Du fait de l'émotivité, le débit, s'accélère et les phénornènes expressifs et dialectaux se multiplient. Quelques termes locaux:

buret à cochons = étable à porcs.

bavole = remise ouverte des deux côtés pour entreposer, par exemple, les charrettes.

Ailleurs, un archaïsme :

je gage (prononcé : je gâche) = je parie.

Remarquez l'infinitif accompagné d'un sujet après la préposition pour (" pour vous rentrer "= " pour que vous rentriez ")

  

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